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The Dark Pictures Anthology: Man of Medan │ ★ 7

Après le succès d’Until Dawn, Supermassive Games reprend exactement la même formule, même visuels et même gameplay, mais remplace les adolescents par une bande d’adultes irresponsables et la cabane dans les bois par un bateau hanté.

Et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre, tant la recette était efficace et servait parfaitement son propos. Le jeu est toujours aussi magnifique, le gameplay n’est ni plus ni moins minimaliste, avec des choix, des QTE et de la navigation sur rail dans des décors lugubres pour lire des documents, manipuler des objets et exhumer des secrets.

La première différence notable est le format : Man of Medan est le premier épisode de “The Dark Pictures Anthology”, qui s’annonce comme une collection d’histoires courtes, soit l’équivalent ludique de séries telles que Masters of Horror ou plus récemment les V/H/S. Man of Medan dure environ 4h et se fait donc facilement en deux sessions, contre 8h pour Until Dawn.

Medan of Honor

L’autre différence de taille, c’est le ton : alors qu’Until Dawn se voulait un hommage au slasher movie dont il reprenait exactement toutes les règles et clichés, Man of Medan est une histoire d’horreur qui semble se prendre au sérieux. Et c’est là que le bât blesse un peu.

J’ai toujours considéré le slasher comme un sous-genre un peu naze où l’on met son cerveau en veilleuse pour jouir du plaisir régressif de voir des ados antipathiques prendre des décisions débiles et se faire tronçonner, taillader ou empaler de diverses manières, si possible avec créativité et panache. L’histoire n’a souvent pas beaucoup de sens, les personnages sont des stéréotypes trop crétins pour être vrais et on met tous les potards au max sur le gore et les répliques de merde.

Autant dire qu’en termes d’écriture ou d’implication émotionnelle, mes attentes vis-à-vis d’Until Dawn étaient très basses, et je pense avoir été d’une indulgence un peu excessive avec des défauts que j’imputais à l’hommage.

Man of Medan se la joue premier degré et a toutes les apparences d’une production sérieuse, avec des décors fantastiques à l’ambiance glauque et poisseuse, des angles de caméra redoutablement efficaces et de bons moments de tension. Mais à côté de ça, on a un scénario de série B, des personnages insipides ou irritants auxquels il sera difficile de s’attacher et des dialogues assez indigents. On a aussi beaucoup trop de jump scares à la con.

“La mer où l’on doit trancher les gorges de ses pairs”

La première partie prend son temps pour tout mettre en place, poser les enjeux et introduire les personnages. En temps normal, j’aime beaucoup ce genre d’intro, mais c’est là que les faiblesses d’écriture se manifestent le plus douloureusement, parce qu’il n’y a pas un personnage pour rattraper l’autre. On se croirait dans Lost.

Et puis la sauce commence à prendre avec les premiers évènements violents. On passe du sitcom au thriller et la tension s’épaissit d’un coup. J’étais crispé sur mon pad pour ne surtout pas foirer mes QTE et j’ai décidé arbitrairement de m’attacher à un des personnages et de le faire sortir de là vivant quoiqu’il en coûte (aux autres). C’était juste ce qu’il me fallait pour me sentir un peu plus impliqué émotionnellement.

Avec l’irruption du surnaturel, le jeu prend enfin toute sa saveur et on sent que les développeurs retrouvent leur zone de confort. Après les tâtonnements du début, on se retrouve en plein Until Dawn, et ça marche à fond : l’ambiance est oppressante au possible, les décors sombres et poisseux puent l’angoisse et les éclairages créent de très belles photos où on flirt souvent avec le photo-réalisme.

C’est dans cette section qu’il est possible de perdre les personnages, mais je me suis accroché pour faire au moins sortir mon préféré de cette galère, et c’est évidemment celui qui a fini par se faire couper en deux… en se sacrifiant héroïquement, en plus, alors que j’avais prévu d’en faire un salaud prêt à sacrifier femmes et enfants pour sauver son râble.

Ce n’était pas gagné d’avance mais j’ai finalement passé de très bons moments sur ce Man of Medan, et j’ai hâte de mettre les mains sur le second épisode : Little Hope.

Le format court contribue grandement à son efficacité car il permet aux développeurs de ne pas rallonger la sauce et d’aller droit au but avant que la tension ne retombe, et c’est donc après un final haletant que j’ai atteint la conclusion, singulièrement satisfait malgré ma première impression mitigée.

Le jeu n’est clairement pas pour tout le monde, avec son gameplay très limité, totalement sur rails, et finalement assez peu de choix, mais les amateurs de films interactifs devraient y trouver leur compte.

7

7/10

This Post Has 2 Comments

  1. Darenn Keller

    Super critique !
    Par contre je ne vois pas de mention du mode coop ?
    Je pense que tout l’intérêt du jeu repose là dessus. C’est une expérience marquante et vraiment originale que je n’avais jamais vu avant.
    Vraiment parfait en online coop à distance.

  2. Ezhaac
    Ezhaac

    Merci =)
    J’ai effectivement oublié de parler du mode coop, mais j’aurais simplement dit que je n’avais pas testé ^^
    Sur le papier, je suis assez client de ce genre de système, mais je suis pas sûr d’en avoir envie pour un jeu qui se veut immersif comme Man of Medan.
    Dans un jeu plus explicitement nanar comme Until Dawn, ça aurait pu être assez drôle. J’imagine que ça pourrait s’émuler en changeant la manette de main selon le personnage jouable.

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