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Halo Infinite │ ★ 6

À la sortie de Halo: Combat Evolved en 2001, le paysage du jeu PC était si foisonnant et flamboyant (Quake 3, Unreal Tournament, Serious Sam, Tribes 2, Flashpoint, Red Faction, AvP 2 et j’en passe) que je n’y pas prêté beaucoup d’attention. Pour être tout à fait honnête, je l’ai même toisé avec un peu du dédain de ces élitistes de la PC Master Race, à l’idée de jouer à un FPS au pad.

Le temps qu’il débarque sur PC en 2003, j’avais eu le temps d’en oublier l’existence, et j’ai donc continué de tranquillement ignorer la série, un épisode après l’autre. Fast forward jusqu’en 2023 où je me retrouve avec un abonnement au MS Game Pass et une pénurie de jeux à y tester. Je commence alors à gratter les fonds de tiroirs et me résous à installer Halo Infinite.

Comme beaucoup, je m’étais bien marré lors des premières annonces et en voyant le florilège de memes qui avait accompagné ses vidéos de gameplay approximatives. Mais je savais aussi qu’entre-temps, le studio avait partiellement revu sa copie et que le titre avait finalement joui d’un accueil critique très positif.

La suite de la suite du spin-off du reboot

N’ayant jamais joué à un Halo avant Infinite, je me suis senti légèrement paumé lorsque le jeu démarre et balance toute une terminologie et plusieurs factions, sans prendre le temps de les introduire. Dans l’ensemble, je comprends bien qu’il y a des méchants aliens qui détestent les humains et veulent leur casser la gueule, que Masterchef est le général badass des humains qui casse la gueule des aliens, et qu’il a une romance platonique avec Alexa, installée dans son Apple Watch du futur.

Malgré tout, je n’ai aucune idée de qui je suis sous mon déguisement de Doom Slayer, les personnages font références à toutes sortes d’évènements que je n’ai pas vécus et… bah oui, c’est une suite, et je n’ai pas joué aux épisodes précédents. Mais si c’est votre cas aussi, soyez prévenu : le jeu ne fera pas beaucoup d’efforts pour vous mettre au diapason.

Je sens aussi qu’il y a beaucoup d’efforts d’écriture et de mise en scène, avec une mythologie relativement touffue, et une continuité avec les épisodes précédents, mais en tant que nouveau venu, rien de tout ça ne m’a décroché plus qu’un bâillement. La plupart du temps, l’histoire avance par le biais de cutscenes entre 3 personnages : Masterchef, immuablement sérieux et monolithique, Cortana qui fait encore plus de blagounettes que dans un Marvel, et le pilote névrosé qui flippe sa race ou partage ses états d’âme.

On a aussi droit aux logorrhées interminables de Rex Brutalus, général en chef des méchants, qui a la méchanceté écrite sur sa gueule. Il se perd dans de longues diatribes par hologramme interposé, et c’était si long et redondant qu’après deux monologues interminables, j’ai commencé à zapper les cinématiques. Et croyez-moi, j’ai tellement chié sur les gens qui passent les cutscenes dans les jeux qu’il en faut vraiment BEAUCOUP pour m’en faire zapper une, mais on est dans le domaine de l’ennui absolu.

Premier contact

Malgré tout, mon premier contact avec le jeu fut positif, principalement parce que c’est plutôt joli, que le perso répond bien et que les combats sont pêchus : les armes ont de la patate et de bonnes sensations de puissance, les ennemis ont du répondant et peuvent vous tailler en pièce en un instant, il y a un peu d’humour dans les cris des mobs en combat et l’utilisation du grappin ajoute une belle profondeur aux déplacements, autant pendant les affrontements que pour aller d’une arène à l’autre.

Et je parle d’arène, car toute la première partie du jeu est un gros manège sur rail où on suit de longs couloirs en décimant tout ce qui ne ressemble pas à un humain, entrecoupés de vastes salles où on doit tout trucider pour ouvrir la porte et voir la prochaine cutscene. Et ça marche bien, parce que c’est rigolo de tuer des gens, les ennemis se renouvellent assez vite, et on nous introduit un impressionnant arsenal en l’espace de quelques minutes.

Des combats rythmés et pêchus, plein d’armes et d’ennemis, et une aventure linéaire qui va droit au but ? J’étais conquis. Mais j’ai fini par atteindre l’open world, et le charme s’est brutalement rompu.

Halo Infiniment chiant

Le plus gros défaut de Halo Infinite n’est pas sa narration, c’est son monde ouvert. En plus de ne pas apporter grand-chose à l’expérience (qui se veut avant tout narrative et cinématique), cet environnement divisé en 5 zones séparées par des gouffres sans fond est particulièrement pénible à naviguer, avec de gros reliefs très raides obligeant à escalader des plateformes en escalier à coup de grappin jusqu’à la nausée.

La campagne vous emmène aux quatre coins de ces zones au fil d’objectifs dupliqués qui consistent souvent à pirater des tours de contrôle pour débloquer un MacGuffin et passer à la mission suivante. La structure devient alors terriblement répétitive :

■ J’ai un marqueur sur la map, le plus loin possible, évidemment
■ Je bondis dans cette direction en escaladant des montagnes et des blocs de pierre
■ En chemin, je nettoie un ou deux camps avec toujours exactement la même structure (tuer tous les ennemis pour avoir le droit d’appuyer sur un bouton)
■ Arrivé devant la tour de contrôle, je liquide tous les ennemis pour avoir le droit d’appuyer sur le bouton
■ J’entre dans une structure, une cinématique se déclenche avec Cortana qui fait des mouvements de bras en ayant l’air concentrée pour suggérer qu’elle est en train de faire du “hacking”
■ S’ensuit un monologue du méchant, ou une brève conversation avec Cortana qui fait des blagues

Une fois qu’on a hacké les 4 tours et débloqué le MacGuffin, on a droit à une grosse cutscene où le pilote du vaisseau nous ouvre son cœur, ou un “Pendant ce temps à Vera Cruz”, où on voit les méchants faire des trucs de méchants avec dégaine de méchants et leurs grosses voix maléfiques.

Ce schéma se répète malheureusement trop fréquemment, et occupe une grosse portion du temps de jeu, car les aller-retours d’une tour à l’autre peuvent être très longs et chiants, et les activités qu’on croise en cours de route sont trop répétitives pour susciter la moindre envie de s’investir dans le contenu annexe.

Autre curiosité de l’open world : les véhicules ne servent strictement à rien. Ils trébuchent au moindre petit caillou, se retournent cul par-dessus tête, et butent aux pieds des incessantes falaises. S’ils ne faisaient pas partie de l’ADN de la série, on pourrait penser qu’il s’agit d’un ajout de dernière minute comme le cheval de Diablo 4. Je me suis retrouvé à les ignorer la plupart du temps et à compter sur mon grappin upgradé au maximum.

Dans la série des features inutiles, on peut aussi mentionner des NPC que vous trouverez dans les camps et qui peuvent monter à l’arrière de votre bagnole. Ils ne servent pas à grand-chose en combat et sont plutôt là pour faire de la figuration.

Halo Infinite Loading

La répétitivité de la campagne, dont les meilleurs moments sont toujours les passages linéaires en intérieur, révèle très rapidement les limites d’un gameplay qui m’avait pourtant enthousiasmé de prime abord. Je me suis vite rendu compte que la variété des ennemis avait un prix : ils ont tout balancé dans la première heure de jeu et n’ont rien gardé pour la suite. Même chose pour les armes dont on m’a douché dès la première mission, si bien que je n’avais plus grand-chose à découvrir par la suite, à part quelques nouveaux joujoux à énergie dans le dernier chapitre.

Un autre aspect des combats que j’avais mal jugés : Halo Infinite est plus proche d’un cover shooter que d’un Doom 2016, et c’est quelque chose que j’ai mis beaucoup de temps à comprendre, si bien que je m’y suis cassé les dents un paquet de fois. Ce que j’avais pris pour des ennemis dangereux et une difficulté étonnamment corsée était en fait la conséquence de mon style de jeu mobile et agressif, inadapté à la lourdeur de mon personnage, au level design et aux dégâts que font les ennemis.

Pour le dire plus simplement : si vous y jouer comme à Doom en sautant partout et en allant tuer les mobs au corps à corps, vous allez en prendre plein la gueule et même en difficulté normale, le jeu vous punit très vite. En revanche, si vous gardez distance et utilisez les obstacles pour rester à couvert et faire des headshot de l’autre bout de l’arène, le jeu devient infiniment plus simple, car personne ne viendra vous déloger et vous pouvez donc abuser de la situation ad vitam.

Le seul défaut de ce gameplay, c’est qu’une fois que j’ai compris ce que je devais faire, je n’avais pas pour autant envie de le mettre en pratique, et je me faisais un peu chier. C’est d’autant plus dommage quand on nous fait jouer un clone du Doom Slayer– Oh, wait, c’est Doom qui a pompé Halo, non ? Parce que le Doom guy des premiers Doom ne ressemblaient pas du tout à ça, mais le Doom Slayer de 2016 est une copie conforme de Masterchief. Y a des procès qui se perdent.

Halo infinite est un jeu Halo fait pour les fans de Halo. Si vous ne connaissez pas l’univers et que ce que vous en voyez ne vous motive pas à essayer d’en apprendre plus, vous n’accrocherez pas à cet univers un peu kitch aux enjeux manichéens. Et si le gameplay de cover shooter ne vous excite pas plus que moi, ce ne sont pas les combats qui vous pousseront de l’avant.

Je suis quand même content d’avoir joué à un Halo, et l’expérience n’était pas fondamentalement désagréable, mais j’ai bien failli lâcher l’affaire une ou deux fois, car l’open world rend l’aventure trop longue, et les temps de chargement de 6 minutes (montre en main) sur une config moderne ne me donnaient pas très envie de relancer le jeu.

6

6/10

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