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Lost Ark │ ★ 3

Après 13h sur Lost Ark, dans un état proche de la mort cérébrale, j’ai renoncé à attendre que le jeu sorte de son coma et me propose le moindre challenge. C’est loin d’être son seul problème mais c’est le seul que je ne peux pas ignorer tant l’ennui s’est installé après à peine deux heures et ne m’a jamais réellement quitté, après plusieurs régions aux décors variés, 3 donjons, et un clavier dont la touche G n’avait jamais été aussi sollicitée. Que suis-je donc allé foutre sur Lost Ark ? Comme beaucoup, la disette de MMO me pousse dans mes derniers retranchements et j’en ai fini par tomber si bas que je teste Elder Scroll online ou des jeux coréens. Et pourquoi ai-je insisté aussi longtemps et gaspillé ainsi une grosse douzaine d’heures dans cette galère ? Parce que malgré moi, la magie du hack and slash et cette illusion de progression font leur effet, surtout quand les combats ont des animations aussi réjouissantes. Et qui peut résister à l’appel du loot ? Lost Ark est un MMO sorti en 2019 sur le marché asiatique et tout récemment édité en occident par Amazon. Le jeu a fait preuve d’un joli petit succès dans son pays d’origine et le rouleau compresseur marketing d’Amazon l’a entouré d’une hype absolument phénoménale qui a contribué à en faire un best-seller sur Steam à peine quelques heures après l’ouverture de ses serveurs totalement saturés. Le jeu est très joli. Il utilise à la perfection son Unreal Engine 3 vieillissant et tournera sur une config modeste en affichant des dizaines d’ennemis à l’écran et des effets spéciaux dans tous les coins. Le design des personnages est typiquement coréens, à savoir dans la putasserie et l’excès le plus total, et chaque classe offre un ballet d’animations ultra-badass et de sorts qui flamboient à tout va. Si vous adhérez au parti pris, c’est très bien exécuté. Les décors et les ennemis sont tout aussi sympa, avec une impressionnante variété d’ennemis dès les premières heures, des régions aux ambiances très différentes et plein de NPC aux looks improbables.

Les combats : L’ennui à grand spectacle

Le feeling des combats est agréable : vous avez la possibilité d’attaquer simplement par clic droit mais comme vous commencerez le jeu avec 6 compétences aux cooldowns très courts et une limite de mana qui ne semble exister que pour décorer le HUD, vous n’aurez quasiment jamais de raison d’utiliser les attaques normales. Chaque technique est un vrai feu d’artifice et voir les jauges de vie des ennemis fondre sous vos attaques est un plaisir simple que le jeu vous offrira en abondance. En revanche, la sensation de progression est quasiment inexistante. J’ai commencé avec 6 compétences sur 8 dans ma barre d’action, ce qui m’a semblé très exagéré. Cependant, j’ai vite compris que les 6 faisaient presque la même chose, avec des cooldowns sensiblement différentes. Quelques niveaux plus tard, j’ai débloqué deux skills de plus et j’ai donc le maximum de 8 skills qui font toutes une AOE devant moi avec des dégâts variables. Pourquoi choisir une technique plutôt qu’une autre ? Principalement pour raisons esthétiques, j’imagine ? Les ennemis meurent si vite que le choix importe peu et il n’est pas vraiment question de rotation et encore moins de tactique. On vous demandera parfois d’esquiver l’attaque d’un boss, et c’est le seul moment où le jeu demande autre chose que cliquer comme un abruti en appuyant sur les touches de compétences au hasard pour faire des feux d’artifice.

Parlons maintenant de tout ce qui ne va pas :

  • Le challenge est curieusement inexistant. Après 13h, on pourrait s’attendre à ce que le jeu cesse de me tenir la main et essaye de me mettre en difficulté, ne serait-ce que pour éviter que je m’endorme, mais non. En extérieur, les ennemis sont ridiculement faibles et meurent bien trop vite. Dans les rares donjons, vous avez intérêt à y aller en solo pour ressentir la moindre excitation, et encore, c’est vraiment léger.
  • Le jeu n’a pas de trinité et donc pas de réelles classes de support ou de synergie sensible entre les personnages. Il parait que ça s’améliore à haut niveaux, mais mes premiers donjons ressemblaient à ça : 4 couillons qui tapent en cadence sur les mêmes ennemis en essayant de faire plus d’étincelles que leurs voisin. Pas de difficulté, pas de gestion de l’aggro, pas de soin. Le niveau zéro de la coopération.
  • En tant que hack and slash, le jeu est agréable grâce à ses combats bien mis en scène, mais ils sont tellement courts que ça en devient frustrant, et l’histoire ne donne jamais l’occasion de simplement trucider du vilain pendant plus de 10 secondes car tous les objectifs des quêtes se règlent en deux ou trois AOE.
  • Les combats ne représentent que 10-20% du temps de jeu. Le reste du temps sera passé en allers-retours incessants entre les NPC au gré d’une quantité malsaine de quêtes Fedex et des dialogues d’une vacuité absolue qui font faire chauffer votre touche G comme jamais, puisque c’est le seul moyen de les zapper. Un ami qui en est à 70h du jeu et m’a confirmé que ça ne s’arrangeait jamais. c’est ce qui aura fini par lui faire lâcher l’affaire.
  • Je suis du genre à être très bon public pour la narration dans les MMO et à lire les dialogues les plus indigents s’ils peuvent contribuer à mon immersion entre deux déboulonnages de bridands. Mais ici, on touche vraiment aux tréfonds de la fan-fiction de Tolkien ramassée dans un vieux skyblog. C’est fade, indigent mais surtout beaucoup trop encombrant.
  • Le jeu est sorti il y a deux ans et a eu le temps d’accumuler beaucoup trop de systèmes pour son propre bien. Appuyez sur Echap et c’est une véritable diarrhée de menus avec pas moins de 40 boutons ! Achievements, titres, cartes à collectionner, commerce, merdouilles à collecter, romances, housing, pets, montures, codex, journal de l’aventurier, guildes, marché… le jeu a tellement de systèmes inutiles que ça en devient abrutissant.
  • L’interface clignote en permanence pour afficher des notifications aux quatre coins de l’écran : pour vous récompenser de vous être connecté, vous récompenser d’avoir fini 50 quêtes, d’avoir récupéré une pomme magique, d’avoir reçu votre première monture, d’avoir visité une nouvelle région. C’est un déluge de récompenses qui finissent rapidement par ne plus avoir aucun sens. Vos récepteurs de dopamine auront tôt fait de faire une indigestion, et il ne vous restera qu’à cliquer mécaniquement sur tous ces menus qui deviennent une portion non négligeable du temps de jeu.
Si vous êtes fan de Hack & Slash, retournez sur Path of Exile ou n’importe quel autre ténor du genre. Lost Ark pourrait fugacement donner l’impression de faire le taf, mais vous passerez l’essentiel de votre temps à cliquer sur des boutons pour que le jeu vous foute la paix, ou à zapper des dialogues navrants. Si vous êtes fan de MMO, jouez à n’importe quoi d’autre. Ce sera sûrement moins flashy, moins immédiat et sûrement moins joli, mais sous le vernis, Lost Ark ressemble plus à Shadow Raid Legend qu’autre chose, avec son bukkake de récompenses ineptes.

3

3/10

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