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Ghostrunner │ ★ 7

Le Cyberpunk a le vent en poupe, et il était temps ! J’ai de plus en plus de mal à attendre que CD Project termine les travaux sur 2077, ce qui fait de Ghostrunner et The Ascent les parfaits candidats pour épancher ma soif de néons et de prothèses cybernétiques.

Ghostrunner vous met dans la peau de Jack, un cyberninja assassin, armé d’un katana et d’une poignée de gadgets, mais si vous espériez incarner une machine de guerre à l’épreuve des balles, vous allez vite déchanter. Jack est incroyablement fragile et ne pourra compter que sur sa vitesse, son agilité et ses réflexes pour survivre aux innombrables ennemis qui se dressent sur sa route.

Commençons par quelques évidences :

  • Ghostrunner est magnifique. Sa direction artistique illustre exactement ce que j’imagine d’un univers Cyberpunk et même si on passe beaucoup de temps dans des entrepôts et pas assez dans les rues de la ville, j’en ai pris plein les yeux du début à la fin.
  • La bande originale de Daniel Deluxe est fantastique. Pour peu qu’on accroche un peu à la Synthwave, la musique colle parfaitement à l’action et au cadre en alternant compositions atmosphériques et gros beat qui tabasse. Au même titre que les Doom modernes, Ghostrunner ne serait que l’ombre de ce qu’il est sans sa bande son.

Un peu de variété pour la forme

En vue à la première personne, le jeu alterne entre combat et pirouettes, avec quelques boss ici et là pour ponctuer votre progression et des passages dans le cyberworld en réalité virtuelle.

Les séquences de plateforme sont assez simples et permettent de respirer un peu entre deux combats. C’était totalement nul et hors de propos dans Doom Eternal, mais ici, ça marche très bien, car beaucoup plus cohérent et surtout plus agréable à contrôler, avec une caméra très agréable et une palette de mouvements réjouissante.
Alors il y a bien quelques moments où le momentum et l’inertie m’ont trahi et mon personnage avait des trajectoires ou des accélérations un peu bizarres, mais si ça vous coûte une mort ou deux, vous ne respawnez que quelques secondes en arrière, et ce n’est pas bien méchant.

Les passages dans le Cyberworld, c’est une autre histoire. Privés de son dash et de son wallrun, Jack ne peut plus que sauter et courir et ces niveaux sont un mélange de narration un peu nulle, de plateforme trop facile et de puzzles hors-sujet.

Et ça dure un peu trop longtemps pour pouvoir se contenter de serrer les fesses. C’est aussi là qu’on vous explique les nouvelles capacités, débloquées peu à peu au fil de la progression : un procédé un peu paresseux que j’ai vu dans un paquet de jeux et qui se passe rarement bien. Chaque irruption dans le Cyberworld m’a fait soupirer un grand coup car je savais que j’étais parti pour plusieurs minutes d’ennui, alors que le reste du titre est une orgie d’adrénaline.

Ghost in the Cheh

Les combats sont clairement le plat de résistance, et vous allez en avoir pour votre argent. Les sensations sont excellentes et il est toujours satisfaisant de passer vos adversaires au fil du katana, dans une gerbe de sang et de membres tranchés.

Structurellement, c’est très similaire à Hotline Miami, avec des petits niveaux très durs que vous recommencez pas mal de fois jusqu’à trouver la meilleure trajectoire et l’ordre d’élimination idéale. Entre chaque salle, un checkpoint vous assure de ne jamais recommencer trop loin de là où vous avez été tué et vous respawnez sans aucun temps de chargement, si bien qu’il n’y a pas une seconde temps mort entre vos tentatives.

C’est ainsi que le jeu parvient à trouver un équilibre entre la frustration et la gratification. La fluidité du respawn permet de facilement expérimenter et prendre des risques sans se sentir pénalisé ou avoir le temps de s’agacer pendant un temps de chargement, car on reste en permanence en action et en mouvement.

A l’usage, je le ressentais plus comme une sorte de séquence continue où les ennemis me repoussaient quelques secondes en arrière à chaque mort, jusqu’à ce que je parvienne à prendre le dessus, plutôt que comme une vraie sanction qui mettrait l’action en pause et m’obligerait à retourner sur le champs de bataille pour une nouvelle tentative.

Pour autant, certains passages sont tellement difficiles qu’ils mettront vraiment vos nerfs à l’épreuve et j’ai plusieurs fois songé à abandonner pour de bon. Je pense notamment au premier “boss” sur lequel je suis mort 127 fois en 23 minutes. Oui, quand je dis que ça s’enchaîne vite… Si vous faites le calcul, je suis mort en moyenne toutes les 10 secondes, car il s’agit d’une séquence très courte mais remarquablement punitive qui mélange apprentissage de patterns et réactions au quart de tour.

Blade Bummer

C’est le moment où on parle de tout ce qui cloche :

  • L’histoire de Ghost Runner est juste assez simpliste pour ne pas se mettre en travers d’un pur jeu d’action : Méchante tuer vous. Vous revenir à la vie pour tuer méchante. On essayera bien de vous surprendre avec un petit twist, mais il est tellement cousu de fil blanc que c’en est limite offensant.
  • Acquérir des capacités au fil de l’aventure, c’est très bien. Avoir un système d’upgrade et de personnalisation parce que c’est à la mode et que les autre jeux en foutent partout, c’est très con et inutile, mais pour la différence que font les améliorations, vous pourriez facilement les ignorer et ne visiter le système qu’une fois toutes les deux heures.
  • La difficulté est mal dosée. La première moitié du jeu est plus dure que la seconde parce qu’ils ont mis les types d’ennemis les plus casse-couilles au tout début, si bien que vous allez prendre super cher au début, avec des ennemis agaçant et très compliqués à gérer, tandis que les niveaux d’après enrichiront le bestiaire avec des archétypes beaucoup plus cool qui attaquent au corps à corps et introduisent de nouvelles mécaniques de parade ou d’esquive.
  • Les meilleurs niveaux, ennemis et boss sont dans la seconde moitié du jeu, ce qui est dommage pour un titre dont la difficulté peut facilement faire renoncer avant la fin. Personnellement, ce n’est que parce que j’avais lu que les ennemis s’arrangeaient grandement par la suite que j’ai eu la foi d’avaler ma frustration et d’aller de l’avant.

Ce ne sont pas les défauts qui manquent mais il ne faut pas pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain. Le coeur du jeu est remarquablement solide et rien de tout ça ne devrait vous faire bouder le plaisir d’aller combattre la tyrannie, un démembrement après l’autre.

Ghostrunner fait peu de choses et les fait plutôt bien. C’est un jeu au gameplay épuré et bien calibré qui se termine en une dizaine d’heure si vous luttez autant que moi, et autour de 6h pour un joueur plus compétent.

Il n’échappe pas à quelques travers de notre époque, comme un système d’upgrades parfaitement dispensable, mais l’action est d’une efficacité redoutable et mettra vos réflexes, votre observation et votre patience à l’épreuve.

Malgré tout ce qu’il m’a infligé, j’en suis sorti assez satisfait pour avoir envie de le recommencer et apprécier l’ampleur de mes progrès, et il aura eu le mérite de me réconcilier avec cette vague de jeux durs qui reviennent brutalement à la mode depuis quelques années.

7

7/10

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