Si vous avez déjà entendu parler de DDLC, vous devez savoir qu’il est recommandé de s’y lancer à l’aveugle, sans savoir à quoi s’attendre. Le jeu dévoile tout de même une partie de ses cartes avant même le menu principal, quand on vous prévient qu’il contient des thèmes perturbants et des images choquantes.
Mais même avant ça, je me doutais bien qu’il y aurait un twist, car ceux qui me l’ont recommandé ne sont pas du genre à se compromettre dans le dating-sim / visual novel shojo kawai dont Doki Doki reprend tous les codes :
- Une histoire bidon à base de club de lecture
- Des dialogues niaiseux pour un jeu beaucoup trop bavard
- 4 héroïnes craquantes qui n’attendent que de vous tomber dans les bras
- Un style visuel coloré et sucré qui brûle les yeux
- Des personnages insupportables qui prennent des poses ridicules
- Des musiques guillerettes et irritantes qui vous resteront dans la tête
Autant dire que les premiers moments sont douloureux, et je ne me suis forcé à continuer que parce que je savais qu’il y avait un twist, et pas des moindres, et que le jeu allait d’un coup décoller… ou plutôt tomber dans le glauque, le brutal, le dérangeant..? Quelque chose ?!
(Only Monika)
Après une heure, je comprends mon plus gros problème avec le visual novel : c’est l’absence presque totale d’interactivité. Et je sais bien que ça fait partie du contrat et qu’il s’agit en réalité de lire un mauvais livre pour ado avec des images moches, en étant obligé de cliquer entre chaque ligne, ce qui me semble être une manière très bancale de lire.
Après deux heures, je commence à me dire qu’on s’est foutu de ma gueule et que le terrible secret de Doki Doki est d’être un visual novel long et chiant, sans aucun twist, qu’une communauté maléfique a décidé de faire passer pour un jeu d’horreur psychologique à twist en mode “Oué, ça a l’air horriblement mignon et chiant, mais vas-y, tu vas voir, mec, t’es pas prêt !”
Après deux heures et demie, le jeu commence à montrer son vrai visage et suggère des thèmes plus sombres. C’est encore subtil, mais ça m’aide à ne pas désinstaller le jeu sur un coup de tête. Quel que soit le retournement de situation à venir, rien ne me rendra les 2h30 que je viens de passer à lire des conneries insipides. C’est peut-être ça le propos du jeu ? Faire basculer le joueur dans l’ennui et graduellement dégrader sa santé mentale ?
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Trois heures. C’est ce qu’il aura fallu pour que le jeu prenne enfin son envol et dévoile son premier twist de thriller meta existentialiste. Et franchement, c’est pas mal du tout. Je me suis fait surprendre plusieurs fois, et ça va beaucoup plus loin que ce que j’imaginais quand on m’avait parlé d’un twist. Je risque d’en garder un souvenir vivace car le jeu est vraiment parti dans des directions inattendues.
Mais c’est beaucoup trop tard. L’apparition de thèmes dérangeants aurait pu survenir au bout d’une demi-heure de mise en place, et le vrai retournement au bout d’une heure, grand maximum, car rien ne justifie les trois heures de souffrance qu’il aura fallu pour en arriver là. Surtout quand vous verrez les crédits au bout de 4h, le payoff est naturellement insuffisant.
Il m’est vraiment impossible d’en dire plus sans complètement gâcher l’expérience. Mais si vous vous lancez, sachez qu’il faut recommencer le jeu après la première fin et continuer jusqu’à voir les crédits du jeu. C’est important. Et non, on ne vous fera pas refaire la même chose plein de fois de suite, même si certains dialogues sont redondants.
La dernière partie de Doki Doki, quand tout part en couilles, est très originale et bien exécutée. J’en garderai certainement de très bons souvenirs, et j’espère oublier un peu à quel point je me suis royalement fait chier pour en arriver là.
Un jeu à twist qui met autant de temps à décoller ne peut vraiment fonctionner qu’avec un public qui accepte les postulats du visual novel : pas d’interactivité, une direction artistique anime discutable, des dialogues chiants et longs, des personnages archétypaux qui se résument en trois adjectifs.Si vous êtes amateur de VN et que rien de tout ça ne vous dérange, vous n’aurez aucun mal à encaisser les 3 premières heures de Doki Doki. Dans le cas contraire, vous risquez de vous retrouver comme moi à apprécier la fin, mais à vous demander si ça en valait réellement la peine.