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Virginia │ ★ 6

“Gnah gnah, c’est pas un jeu”, “c’est pas un vrai jeu”, “c’est pas assez interactif”, “on fait que cliquer”. Les critiques de Virginia, c’est le retour du faux débat moisi qu’on nous avait servi à toutes les sauces à la sortie de Heavy Rain.

Le JV est protéiforme : The Witcher, Candy Crush, Eve Online, Minecraft et le Démineur en sont témoins. Virginia est un jeu, que vous l’ayez aimé ou pas. Son gameplay est minimaliste et ne vous demande pas de faire des choix. Alors, descendez-le si ça ne vous plait pas, mais sans faire de rhétorique à deux balles.

Ceci étant dit, je n’ai pas vraiment aimé Virginia, mais je l’ai trouvé intéressant, et je suis très content d’y avoir joué. Je suis aussi très heureux qu’un tel ovni existe et reçoive du soutien et des louanges par ceux qui y trouvent leur compte, car cela ne ressemble à rien que j’avais joué auparavant, et rien que pour ça, il mérite d’être salué.

Virginia est une histoire d’enquête mystérieuse, racontée sans aucun dialogue, et avec un minimum de texte. Vous venez d’intégrer le FBI, on vous affecte à un service, avec une partenaire reléguée au fin fond du sous-sol, et vous partez enquêter toutes deux sur une affaire de disparition.

Parfois, j’ai tout compris sans qu’un mot soit prononcé. Des détails subtils dans le décor, dans le comportement des personnages ou dans l’enchaînement des événements apportent une quantité d’information inespérée en l’absence du moindre dialogue et dans ces moments-là, j’ai trouvé le jeu brillant.

Et puis de temps en temps, je n’ai pas compris, ou je me suis rendu compte 20 minutes plus tard que j’avais mal interprété quelque chose et que je lisais toutes les situations de travers, parce que les signes étaient trop subtils ou que j’étais trop con pour les comprendre. Et dans ces moments-là, j’oscillais entre blâmer le jeu et ma bêtise, ce qui n’était pas très agréable dans les deux cas.

Virginia se termine en moins de deux heures, ce qui est un format idéal pour ce qu’il a à dire et la façon dont il le fait. Le jeu se veut extrêmement cinématographique dans son déroulement, avec UN truc vraiment exceptionnel qui n’a cessé de m’enchanter d’un bout à l’autre : sa gestion du ‘CUT’ et de l’ellipse.

Exemples :

  • Vous marchez dans un couloir pour aller quelque part. Ça s’annonce un peu longuet. CUT.
  • Vous êtes devant la porte. Vous marchez dans le parking vers votre voiture. CUT. Vous êtes maintenant au volant.
  • Votre patron vous remet un dossier. Vous baissez les yeux vers le visage sur la photo dans le dossier. CUT. Vous levez les yeux du dossier et vous êtes face à l’homme sur la photo.

C’est simple, élégant et ça marche terriblement bien. Cela permet de faire des transitions originales, de maintenir un rythme soutenu et ça donne une saveur très particulière aux scènes oniriques.

Pour la suite, je vais devoir lancer quelques spoilers mineurs, et si vous savez déjà que vous comptez y jouer, autant en rester là.

Le jeu puise directement ses inspirations dans X-Files, Twin Peaks et plus généralement l’œuvre de Lynch. Alors ce qui devait arriver, arriva. A un moment, alors que l’intrigue se tenait plutôt bien, il se passe un ‘truc’, sans qu’on comprenne tout de suite que ça vient de se produire, et tout bascule. Vous savez, ce moment dans Mulholland Drive où elle ouvre la boite, et d’un coup, le film essaye de sodomiser votre cerveau pendant l’heure qui suit, mais avec élégance.

Cependant, là où ça fonctionnait avec Mulholland Drive grâce à la performance des acteurs et l’empathie pour les personnages qui donnait envie de s’accrocher et de comprendre ce qui leur arrivait, je ne peux pas en dire autant de Virginia, dont les visages inexpressifs et le langage corporel minimaliste ne véhiculent quasi aucune émotion.

Pourtant, j’ai bien senti que le jeu essayait de me faire ressentir des choses, avec ce sourcil qui se lève, cette bouche anguleuse qui se courbe…. mais ça ne marche pas vraiment. Le jeu est malheureusement trahi par sa technique approximative, alors que dans les premiers moments, sa direction artistique toute simple m’était apparue comme une force.

Je n’ai pas compris la fin de Virginia. Je pourrais sûrement éclaircir tout ça si j’y rejouais, mais je n’ai pas très envie de le faire.

Virginia est intrigant et original, mais pas réellement captivant. Il tente plein de choses et n’en réussit que la moitié. Je suis resté dans l’ambiance pendant tout le jeu, mais j’en suis très vite ressorti, et je n’y vois qu’une semi-réussite. Dans tous les cas, ce n’est clairement pas pour tout le monde et j’aurais bien du mal à le recommander.

6

6/10

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