En 2006, Electronic Arts vogue sur le succès d’un paquet de licences juteuses qu’ils semblent bien décidés à presser jusqu’à la lie. Malgré tout, l’éditeur prend conscience de la précarité de sa stratégie et décide d’encourager provisoirement l’innovation pour ajouter de nouvelles franchises maison à son catalogue.
Ainsi sont sortis en 2008 des titres aussi brillants et inattendus que Dead Space et Mirror’s Edge. L’avenir ne sera clément avec aucun d’eux et ils ne manqueront pas de passer dans le broyeur à talent d’EA, mais ne boudons pas notre plaisir : Dead Space est un monument du Survival horror et un chef d’oeuvre que personne n’avait vu venir.
Le démembrement, c’est dément
Un an avant la mise en pré-production de Dead Space, Resident Evil 4 a révolutionné le genre avec son rythme explosif et sa caméra à l’épaule. Le titre est une rupture drastique avec les épisodes précédents et Visceral Games s’en inspire directement pour poser les bases de son bébé.
Mais ce n’est qu’un classicisme de façade. J’aurais bien voulu être dans le meeting où un directeur créatif a dû expliquer que voilà : le coeur de notre gameplay, c’est le démembrement. Et pour une raison indéterminée, l’édito d’EA a donné son feu vert, parce que pourquoi pas ? C’est rigolo le démembrement.
A cette base déjà bien solide, ajoutez toutes sortes d’ajouts sympa comme un gravity gun, ou la capacité de ralentir des objets et des ennemis, exactement de la même manière que Jedi Fallen Order, mais 10 ans plus tôt. On a aussi droit à des séquences dans l’espace, en apesanteur, claustrophobiques à souhait et plein d’autres bonnes choses.
Dead Thing – Resident Horizon
Au même titre que Resident Evil 4, Dead Space cherche rarement à faire peur, mais plutôt à mettre la pression. Il le fait cependant d’une toute autre manière que l’hommage plus ou moins volontaire de Capcom à la série Z. Ici, on a droit à une mise en scène étouffante qui ne cède jamais à la facilité et parvient à renouveler efficacement ses effets de trouille.
La réalisation, pour l’époque, est de haute volée, la direction artistique est fantastique et rend hommage aux classiques du genre avec un peu d’Alien, beaucoup de The Thing, énormément de Event Horizon et j’en oublie un paquet. Mention spéciale pour le sound design simplement parfait, qui contribue largement à l’ambiance poisseuse du titre.
Malgré toutes ses qualités, Dead Space commet quand même quelques impairs, à commencer par sa narration vieillotte, prétexte à vous faire explorer le vaisseau de fond en comble, où votre personnage est corvéable à merci : “Va par là”, “Va me chercher ceci”, “Ah non, il faut d’abord activer le moteur B48 pour ouvrir le SAS N7, et puis tant que t’y es, va m’acheter une baguette et un saucisson.”
13 ans après sa sortie, Dead Space est toujours l’un des meilleurs survival horror auxquels j’ai joué, avec son ambiance extraordinaire, un bestiaire répugnant et une collection de scènes flippantes ponctuées par quelques boss monstrueux que je ne suis pas prêt d’oublier.