Deathloop avait tout pour me plaire : j’ai un gros faible pour Arkane Studio et beaucoup de respect pour leur vision et leur portfolio. En plus de ça, on y parle de boucle temporelle, le gameplay reprend les bases solides de Dishonored avec un twist action shoot un peu plus décomplexé, des contrôles qui répondent au doigt et à l’œil, des armes qui ont une belle patate et un level design soigné permettant une multitude d’approches.
Dans ces conditions, comment expliquer que je m’y suis ennuyé à ce point ? Par où commencer ?
Une histoire de magnétophones
L’histoire est peut-être intéressante, mais elle est incroyablement mal racontée, avec des textes et des enregistrements audio. On se croirait revenu avant Half-life, quand c’était déjà nul, mais pas encore désuet. Elle est aussi racontée par les objectifs de mission, mais ça avance trèès lentement. Et c’est d’autant plus frustrant que ce que j’ai entrevu de la trame semble excitant et original.
La relation entre Colt et Julianna avait du potentiel, mais leurs dialogues ne racontent finalement pas grand-chose et le plus gros de l’histoire passe par les emails et les audio-logs qui cassent sans cesse le rythme quand on doit s’arrêter pour une nouvelle petite dose d’histoire. Difficile de dire s’il s’agit d’un choix délibéré ou de contraintes de budget, mais le résultat ne m’a pas convaincu.
Colt est un sombre connard, et il m’a paru très difficile de rentrer dans ses bottes. Il commence l’aventure avec une amnésie presque totale, décide arbitrairement de casser la boucle, et se lance dans un génocide inexplicable de la population locale. Il est rapidement établi qu’il connait tous ces gens, donc on peut espérer qu’il a une raison d’être aussi énervé, mais en l’état, ça semble assez gratuit.
Est-ce que le gameplay sauve les meubles ?
- Le jeu a deux types d’ennemis : ceux avec des flingues et ceux avec des flingues qui font plus mal. Après avoir vu plus de la moitié du jeu, rien de nouveau n’avait encore été introduit pour ajouter un peu de variété.
- Les armes ont de la patate, mais il y en a si peu que vous en aurez fait le tour pendant les premières heures et comme tirer reste l’activité principale, c’est un peu triste de s’en tenir aux classiques les plus vus et revus : uzi, snipe, shotgun et autres classiques.
- Le gameplay tourne très vite en rond, ce qui est… thématiquement approprié (boucle temporelle, toussa) mais très répétitif, et pas bien passionnant : sortir par les tunnels, atteindre un objectif en se faufilant ou en flinguant tout le monde, retourner au point de départ, rincez, répétez.
- Les missions se déroulent toutes dans la même petite liste de décors où on tourne rapidement en rond. Chaque mission finit par se ressembler et l’émerveillement de la découverte d’un nouvel endroit laisse vite place à une vague torpeur quand on le visite pour la cinquième fois.
- La progression est constamment interrompue par les apparitions de Julianna, une éponge à balles qui apparait semi-aléatoirement une mission sur deux et n’a aucun respect pour votre temps.
- Les mines, putain, LES MINES. Quelqu’un dans l’équipe s’est dit que ce serait drôle de passer le jeu à regarder ses pieds pour éviter de faire un mini-arrêt cardiaque chaque fois qu’on en déclenche une.
Mon plus gros problème avec Deathloop est que je n’ai jamais eu l’impression d’être dans un monde imaginaire, mais toujours dans un jeu vidéo très mécanique et un peu décousu. Il est bourré de menus et vous oblige à faire de la maintenance entre chaque courte mission : craft, préparatifs divers, upgrades à la con. Il y a tellement de menus à parcourir et de boutons dans tous les coins que ça finit par hacher le rythme et flinguer l’immersion.
J’ai lâché l’affaire après 8h de jeu, car rien ne me donnait envie de faire une mission de plus. J’avais confusément l’impression de jouer à un nouvel habillage de Dishonored sur lequel on aurait collé une boucle de Rogue Lite pour augmenter artificiellement la durée de vie d’un jeu qui aurait gagné à ne durer que 5-6h, denses et mieux rythmées.