Bien qu’ayant joué à l’époque au premier GTA, tout moche et vu de dessus, je ne me considère pas du tout comme un fan de Rockstar de la première heure, et c’est donc à ma plus grande surprise que je me suis laissé engloutir à ce point par GTA IV.
En penchant de plus en plus vers l’action-RPG, avec ses missions annexes, son inventaire, ses magasins et sa foultitude de NPC et d’activités, cet épisode brille par une narration forte, aux dialogues aussi drôles qu’incisifs. Peuplé de personnages comiques ou tragiques tous très bien écrits, il multiplie les situations épiques et les scènes de bravoure, de ses modestes débuts jusqu’à son final explosif.
Dan Houser in da House
Comme souvent chez Rockstar, on peut y voir l’intention de déboulonner un peu plus le rêve Américain. L’ambiance est décalée, toujours politiquement incorrecte, et c’est aussi un gros bras d’honneur au capitalisme, à l’intolérance et au conformisme social.
Inutile de répéter combien il est riche et généreux en fonctionnalités et possibilités de toutes sortes mais on pourra saluer néanmoins la qualité de restitution de la cité qui fourmille de vie et de détails, et dégage une sensation d’authenticité incroyable.
Sa durée de vie colossale n’engendre que rarement la monotonie et c’est avec un intérêt soutenu que l’on suit les pérégrinations de Niko Bellic à Liberty City. C’est aussi le premier GTA à proposer une ambiance moins ostensiblement fantaisiste et de vrais enjeux dramatiques ; et fortuitement, c’est le premier GTA que j’ai eu envie de terminer.
La liberté avant la mise en scène
C’est l’un de ces rares jeux rares qui permettent de résoudre une situation donnée de multiples façons, grâce à un environnement ouvert et un écosystème complexe dans lequel les NPC interagissent de manière crédible et prévisible. Comprenez par là que quand vous essayez quelque chose en vous disant que ça semble cohérent, le système a du répondant et les choses ont tendance à se passer comme prévu.
Et le design des missions en tire partie. Plutôt que vous donner des instructions détaillées et vous faire recharger un check point si vous n’avez pas suivi un NPC d’assez près, votre mission est souvent assez vague pour que vous puissiez choisir votre manière de l’exécuter.
Par exemple : Je dois dérober un véhicule de police. Tout est dit : pas d’instructions plus détaillées que ça. Dans un jeu Rockstar plus moderne, on m’aurait donné une liste d’action très précise à exécuter dans un ordre imposé, et je n’aurais pas intérêt à dévier du script.
Ici, puisque je veux voler le véhicule, je n’ai pas envie de me lancer dans une course poursuite et de le percuter, ou d’ouvrir le feu. J’observe donc son itinéraire et décide de bloquer une rue à l’aide d’un bus. Comment choper le bus sans ouvrir le feu et attirer toutes les patrouilles du quartier ? Je tente ma chance en me mettant sur sa trajectoire et je braque le chauffeur. Ce dernier freine et quitte l’habitacle, paniqué. Je n’ai plus qu’à garer le bus dans le passage. La voiture de police s’arrête et je leur tombe sur le râble. S’ensuit une brève altercation, deux coups de feu, et voilà le travail.
Entre portage et ratage
A bien des égards, cet épisode a pris un méchant coup de vieux depuis la sortie de GTA V, mais je le trouve beaucoup plus attachant et mieux écrit, en plus de disposer de deux excellents épisodes additionnels, réunis sous le label “Episodes from Liberty City”.
Le portage PC de 2008 était absolument dégueulasse et l’est resté jusqu’à la pseudo réédition de 2020, désormais connue sous le nom de “Complete Edition”, qui semble résoudre la plupart des problèmes et en ajouter de nouveaux.
A l’époque, il était nécessaire d’être logué sur Games for Windows Live (ancêtre de la Xbox App, je crois) et le jeu était horriblement gourmand, en plus de multiplier les plantages, les bugs d’affichage et de m’avoir corrompu les sauvegardes après 50h de jeu. D’après ce que j’ai lu, tout ça semble appartenir au passé.
Pour son gameplay et sa réalisation, GTA IV n’est plus spécialement pertinent en 2021. Ses graphismes datés, sa physique pétée et son port PC approximatif rendent difficile de le recommander, et GTA V l’a rendu obsolète il y a des années.
Pourtant, si je devais en refaire un, je me plongerais bien plus volontiers dans les tragiques dilemmes de Niko Bellic que dans la méchanceté de Trevor et la stupidité de Michael. En termes d’écriture et de galerie de personnages, c’est vraiment sans comparaison.