Je n’ai jamais accroché à Gwent pendant The Witcher 3, pas plus que dans son spin off multijoueur. Pourtant, quand j’ai vu débarquer Throne Breaker, le stand-alone du spin off du mini-jeu de Wild Hunt, c’était une telle Gwentception que j’ai décidé de tenter une fois de plus l’aventure.
Et côté aventure, j’ai été servi ! L’épopée épique de Meve est palpitante du début à la fin, et racontée de plaisante manière, avec un mélange d’évènements in-games, de batailles de cartes pleines de dialogues, de conversations entre les personnages, discussions de tavernes, cinématiques 2D façon comics et une foultitude de moments… “racontés”, avec une image fixe et un narrateur à la voix pénétrante qui a fait vibrer mes vieux souvenirs de rôliste refoulé.
Cette narration hétéroclite, qui mélange textes, voix et dialogues sous toutes sortes de formes, est clairement le point fort du jeu. Comme d’habitude avec CD Project, tout est écrit avec goût et justesse, et on vous demandera de choisir le moindre mal face à des situations de plus en plus dramatiques, où les décisions les plus anodines peuvent revenir vous hanter quelques chapitres plus tard.
Le personnage de Meve est fabuleux et j’ai rarement vu un personnage féminin sonner si juste, loin des clichés de la princesse en porcelaine ou de la badass burnée qui se comporte comme un mec, car on pense que ça fera plaisir aux joueurs féministes.
Meve est un personnage complexe et touchant une mère en conflit avec son fils, et l’unique souveraine entourée de rois, dans une tradition phallocrate. Même si le sujet n’est jamais abordé de façon frontale, on sent qu’elle est plus ou moins forcée de paraître encore plus forte et inébranlable qu’un homologue masculin ne le serait, comme si elle ne cessait de devoir prouver à ses hommes qu’elle est digne de les commander.
Le reste du casting n’est pas en reste, avec une galerie de seconds rôles souvent quelconques au premier abord, mais qui dévoilent des trésors de subtilité à mesure que l’on apprend à les connaître. Si vous avez joué à la série des Witcher, vous savez déjà parfaitement de quoi je parle.
Côté gameplay, c’est un RPG assez traditionnel en vue de dessus, avec une direction artistique très agréable et des dialogues à choix multiples. Le twist, c’est que les combats sont joués par des rounds de Gwent, et là, au lieu de s’envoyer bataille après bataille avec les règles du jeu de carte, les développeurs ont mis les petits plats dans les grands et quasi TOUS les combats ont des règles custom et proposent un twist qui les rend uniques.
Résultat, on joue à Gwent sans vraiment jouer à Gwent. C’est varié, c’est frais, ça se renouvelle sans cesse. On en vient à apprécier les rares batailles “classiques” avec les vraies règles où l’on peut réellement laisser chanter ton deck optimisé avec soin au fil du jeu. Les systèmes d’upgrades, de craft et de gestion de camp sont simples, mais parfaitement efficace.
Seul bémol de Thronebreaker : une trame principale qui finit par traîner un peu les pieds. Il y a au moins un acte de trop, si bien qu’on finit par trépigner en attendant le mot de la fin.
Je ne sais pas si c’est une question de rythme ou si c’est juste mon endurance aux cartes qui a fini par s’émousser, mais j’aurais aimé finir ce Thronebreaker en 30h plutôt que 35. A sa décharge, j’ai vraiment écumé les cartes pour faire tout le contenu annexe, donc j’ai un peu cherché les problèmes.
Si vous aimez l’univers de The Witcher, que vous n’êtes pas totalement réfractaire aux cartes, et même si vous n’avez jamais compris l’intérêt de Gwent, laissez une chance à Thronebreaker de vous séduire par son écriture et l’inventivité de ses mécaniques.