Une de mes expériences ludiques les plus marquantes, à une époque où j’étais anti-militariste et amateur de FPS arcade. Je ne m’explique pas encore tout à fait ce qui m’avait incité à essayer ce titre, mais c’était une rudement bonne idée.
Plutôt qu’un FPS, Operation Flashpoint se pose presque comme un simulateur d’infanterie et restitue l’expérience du fantassin avec un impressionnant souci de réalisme.
Le jeu avait beau être assez vilain à sa sortie, il affichait néanmoins ses décors à des distances rarement atteintes, et ses textures typées photos lui procurent une ambiance intéressante. La direction sonore était elle aussi impressionnante, avec des communications radio fréquentes, pour renforcer une immersion déjà solide.
Et c’est pour sa capacité incroyable à immerger le joueur au coeur du conflit que Flashpoint était si bon. Et comme une petite histoire vaut mieux qu’une longue analyse, voici quelques exemples de ce qu’il m’a permis de vivre.
Une ballade entre les balles
Je commence la mission en lisière de forêt avec un petit détachement armé. Je ne suis pas leur leader et je suis donc docilement les instructions qu’on nous dispense par radio.
Tout à coup, l’air vibre de détonations et s’emplit d’un parfum de poudre et de sang. Mes compagnons d’armes tombent sous les feux ennemis et seuls survivent ceux qui ont eu la présence d’esprit de se plaquer au sol. Ce n’est pas passé loin pour moi…
J’essaie d’aligner une cible : trop loin, impossible de viser avec toutes ces branches dans mon viseur mais je ne peux pas prendre le risque de me lever. Je rampe à l’écart sans pouvoir me préoccuper des autres survivants. (il faut savoir qu’une balle tue, et qu’il n’y a pas de sauvegardes durant les missions).
Je reste immobile, planqué dans mon buisson, sans savoir ce que sont devenus les autres, et au bout d’un moment, ma radio grésille pour m’informer que la mission est un échec et qu’un ordre d’évacuation a été donné. Je dois rejoindre un hélico à quelques kilomètres de là.
Je n’ai aucune idée de comment rejoindre la zone d’évacuation. J’ai bien une carte topographique mais ma position n’y est pas indiquée… je commence alors à prendre mes repères : une ferme à ma droite, un bosquet à gauche, ça doit être ça.. Je me repère à la boussole et me dirige vers les arbres.
Une nouvelle détonation, beaucoup trop proche me force à continuer ma progression au sol, et je me retrouve à ramper ainsi dans la poussière pendant une bonne vingtaine de minute, sans jamais faire mieux qu’apercevoir mes ennemis, en cherchant autant que possible le couvert des bois.
Eloge de la fuite
Un peu plus tard, non sans mal, j’ai pu rejoindre mon régiment et nous préparons l’invasion d’un petit village en zone contestée avec une poignée de blindés lourds. Au poste d’artilleur, je laisse le pilote me mener jusqu’au champs de bataille. Les règles d’engagement sont simples mais il m’est toujours aussi difficile de différencier les alliés des ennemis…
Nous apercevons les premiers véhicules et un tank allié explose sur notre flanc droit. Des blindés en surnombre saturent l’horizon.
N’écoutant que mon courage, je m’éjecte du véhicule et tente une fuite éperdue… un réflexe qui me sauve la vie car mon tank explose quelques secondes plus tard, mais me coûte mes jambes, car la déflagration m’a mis dans un sale état.
Incapable de me relever, je rampe jusqu’à un camion marqué d’une prometteuse croix rouge, pendant que nos leaders hurlent des instructions et exigent du renfort.
Le camion est inoccupé et derrière moi, j’entends encore le tumulte du combat. Je rampe jusqu’au siège conducteur et je mets les voiles, à l’aveuglette… n’importe où sauf là, et après quelques minutes à conduire tout droit vers nulle part, aussi vite que possible, on m’apprends par radio que la bataille a été gagnée par mes frères d’armes. Bien joué les gars !
Avec son environnement ouvert et une gestion habile des PNJ, Operation Flashpoint offre un environnement ouvert parfaitement crédible, qui permet de créer une grande variété de situations et d’adapter l’expérience à différents styles de jeu, en gardant toujours à l’esprit le souci du réalisme.
C’est un peu l’anti-Call of Duty total, dans lequel votre personnage n’est qu’un rouage comme un autre de la grande machine militaire, et où le statut de héros se mérite vraiment. Moi, j’avais juste le statut de lâche qui tient à la vie, et il était déjà difficile à tenir.