Je me rends compte que c’est un parcours un peu atypique mais je suis tombé amoureux de PlatiniumGames avec leur Transformers Devastation, suivi d’un Nier Automata qui m’a laissé sur le cul. Outre leurs directions artistiques exceptionnelles, j’ai adoré ce système de combat nerveux et précis et l’utilisation outrancière du perfect dogde + witch time. Me voici donc, des années plus tard, à décider de combler mon inexcusable retard et enfin jouer au jeu sans lequel rien de tout cela n’aurait été possible : Bayonetta.
Bien sûr, Bayonetta est un peu daté mais ça ne m’a jamais dérangé ni arrêté. En revanche, le parti pris de mettre 80% des polygones dans le cul de l’héroïne et afficher des décors taillés à la serpe me semble contestable, mais on va dire que ça fait partie du jusqu’au-boutisme de l’entreprise.
Non, là où ça pèche vraiment, c’est que les couleurs délavées et le rendu terreux auxquels s’ajoutent des tonnes de FX dans des meutes d’ennemis, plongent le joueur dans une épaisse diarrhée visuelle qui rend l’action passablement illisible.
Le chara-design et le style graphique général du titre, on aime ou on aime pas. Je suis personnellement un peu mitigé car je trouve qu’il y a quelques fulgurances occasionnelles sur les ennemis mais les autres personnages semblent avoir été imaginés par un ado de 12 ans en pleine pré-puberté. C’est laid, vulgaire et oui, ça s’assume pleinement, mais le fait de s’assumer et de plonger tête baissée dans l’excès n’empêche pas le jeu d’être moche à pleurer.
Baillonnez-la
Le jeu est en émoi constant sur les courbes de son héroïne, entre les réactions des NPC, des angles de caméra libidineux, les bruits d’appareil photo quand elle écarte les cuisses ou cette propension à la déshabiller en permanence. En gros, le jeu me crie en permanence qu’elle est canon et cela contraste lourdement avec ma perception de ses proportions malsaines, sa tête minuscule et le fait que je la trouve bien trop monstrueuse pour être désirable (et ce après avoir fantasmé une partie de mon adolescence sur Sarah Kerrigan en version Zerg).
Les musiques sont rigolotes et inattendues, pendant la première heure. Après ça, j’ai eu envie de me passer les tympans à l’acide la 48ème fois qu’on m’a passé “Mysterious destiny” pendant un combat.
L’histoire a l’air d’aller vaguement quelque part mais c’est très lent. Madame a perdu la mémoire et rencontre toutes sortes de personnages qui lui déballent des pages de dialogues cryptiques qui ne font rien avancer au schmilblick, et j’ai vite cessé de me sentir impliqué. C’est aussi un peu usant de voir l’héroïne prendre tout le monde de haut en essayant d’avoir la classe. Elle finit par ressembler à une parodie féminine de Dante, sans le second degré ni l’effet de surprise.
Il y a des petites énigmes ici et là, qui sont assez simplettes pour ne jamais se mettre en travers de la progression. Parce qu’on est surtout là pour le combat, et à ce niveau, Bayonetta remplit plutôt bien son contrat avec des bastons rapides, nerveuses et exigeantes. Le problème, c’est que c’est un peu le bordel à l’écran et souvent difficile à suivre. Là où Transformer était assez propre pour être exigeant et Nier assez facile pour se permettre d’être parfois bordélique, Bayonetta peut vite être frustrant quand on recommence un même combat plusieurs fois parce que quelqu’un a vomi sur la caméra pendant qu’elle faisait une crise d’épilepsie.
Finalement, j’ai arrêté à la fin du chapitre V, dans le combat contre Jeanne. Après être mort une paire de fois sur le boss, j’ai décidé de faire une pause et quand j’ai relancé le jeu, on m’a demandé de recommencer depuis le début de ce très long chapitre parce qu’il n’y a pas d’autosave et qu’on ne peut sauvegarder qu’une fois toutes les heures. Dans l’ensemble, je m’étais plutôt bien amusé, mais pas assez pour avoir envie de continuer compte tenu de la somme de défauts.